Jean Geoffroy

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Livre d'or

JURGEN  WEICHARDT. Critique d'art musée d'OLDENBURG.

Dans son ensemble, la peinture de Geoffroy prouve d'abord que l'art anticipe sur la sémantique politique. Le terme de mondialisation qui fait la fierté des hommes politiques et des économistes appartient depuis longtemps au langage artistique, car ce qui est représenté dans de nombreux tableaux a une envergure mondiale, une portée mondiale.

Le globe terrestre lui-même est présent dans de nombreux  tableaux, côtoyant d'autre globes telles des planètes inconnues. Là où le peintre choisit le destin d'un individu comme sujet de son œuvre, ce destin est étudié de la naissance à la mort et traité cependant  de telle façon que le tableau devient parabole de n'importe quelle vie.

En observant les tableaux dans leur ensemble, on remarque l'absence de relations entre les œuvres. Chaque tableau est une œuvre indépendante. Il est rare  que des liens soient insinués, on y découvre tout au plus des parallèles dans la représentation de l'universel. Cette individualité de chaque tableau dans l'ensemble de l'œuvre vient de ce que, au départ, l'artiste se met au travail avec une idée n'ayant d'affinités avec les autres œuvres que dans ses origines et non dans sa concrétisation picturale.

Les tableaux apparaissent comme des formulations complexes de la solitude de l'être humain dans l'immensité du monde et même de l'univers.

Mais l'œuvre exposée se caractérise non seulement par son absence de limites dans l'espace mais aussi dans le temps: Il emploie des figures mythiques, des signes magiques, des monuments architecturaux connus comme Notre-Dame ou les Pyramides, relégués à la périphérie du tableau, exemples arbitraires d'une grande ouverture sur le monde, toute naturelle pour l'artiste.

C'est la raison pour laquelle ses tableaux sont présentés comme des fenêtres. Tout comme dans la tradition romantique, une figure au premier plan, une silhouette représentée de dos servent de transition entre le spectateur et la profondeur du tableau, incommensurable dans certains d'entre eux. De plus, la profondeur est partiellement mise en valeur. Du centre de parties sombres sur lesquelles des formes s'estompent et qui renferment parfois le thème principal - voir "La fente d'Eve"- se détache le champ lumineux du paysage dégageant ainsi soudainement la vue. Nous sommes cependant envahis par le doute, en regardant les côtés de tableaux comme "la fente d'Eve" ou "la couleur c'est la vie", le flou est mis en valeur comme une surface; Autrement dit le dessin occupe accessoirement le devant du tableau, mais ceci de façon capitale: La peinture comme moyen de créer des illusions et de détruire celles qui existent…

Tout est illusion également dans l'affirmation "la couleur c'est la vie" car mêmes les personnages non concernés par la couleur vivent, mais ce sont des morts vivants et quiconque traverse la couleur, telle est mon interprétation, se transforme très vite en squelette;

N'est-il pas préférable d'arrêter le temps ? Geoffroy a peint un tel sujet. Deux  bourgades sont face à face, toutes deux érigées sur de hautes plates -formes  apparemment un village européen et un village africain .

Et à l'endroit où les plates-formes pourraient se rencontrer, une flèche lumineuse vient scinder une harmonie possible. Elle est synonyme d'atermoiements car le temps interrompu aspire à une continuation, une continuité et, de ce fait, a la solution de divergences existantes.

Abordons encore un autre aspect de l'œuvre de Geoffroy. Il est peintre et écrit lui-même "La couleur c'est la vie" . Un regard sur les coloris confirme un soin subtil dans le choix des couleurs sombres et claires . Parfois, certaines couleurs intenses sont mises en valeur ; Elles sont liées a des accents dramatiques , ce sont presque toujours des motifs apocalyptiques dont la portée est encore accrue par la couleur.

 Parties sombres dominantes, les êtres humains y sont corporellement à peine perceptibles: Ce sont des esquisses, des êtres déchus de substance corporelle ayant encore à peine la force de vivre. Geoffroy est un caricaturiste expérimenté poussant la pertinence à réduire l'image de l'homme, ce qui est source d'espérance.

La critique intense de l'existence que l'artiste traite dans ses tableaux ne manque ni de comique ni d'ironie. Tout ne doit pas être aussi tragique que le prévoit le scénario de catastrophe finale…Mais peut-être cela sera-t-il pire encore !

La question de la relation avec le surréalisme posée reste en suspens. On  peut y répondre relativement facilement par des comparaisons. Les œuvres de Geoffroy contiennent dans leur expression globale du catastrophique des idées proches de celles de Frantz  Radzivill et le terme de " Réalisme magique et fantastique " fût  employé pour caractériser ces dernières.

Comme Geoffroy peint de façon encore plus expressive, on peut remplacer le terme de réalisme par celui  d'expressionnisme et marquer ainsi la différence avec l'œuvre de Radzivill . Un expressionnisme fantastique…Cette expression s'adapte difficilement à la France. Mais peut-être serait-il  possible de l'introduire